Histoire d’Excenevex

Excenevex d’hier et d’aujourd’hui

Un peu de toponymie

Les documents d’époque médiévale mentionnent la localité sous les noms d’Essevenay” ou “Essenevay”. Les origines toponymiques pour le nom de la commune sont variées. L’auteur du site Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs, Henry Suter, relève que celui-ci pourrait être construit avec le préfixe latin ex (“hors de”) et d’un mot dérivé de “chenevière” (chènevis, graine de chanvre). Il indique une autre origine possible avec *Es sénévé, dérivé de sénevé, nom désignant les plantes fournissant la moutarde.

Une autre origine toponymique possible serait les Esserts nouveaux, en arpitan savoyard Esserts novés ou Nouveaux terrains qui a donné son nom Éshinevé, qui, par modification de lecture serait devenu Excenevex en français. Une toponymie des plus plausibles d’autant qu’une partie importante de la commune a été constituée par le sable venu du lac Léman et par le défrichage des terres réalisé par les moines de l’abbaye de Filly,

Enfin, une version plus fantaisiste donne, avec origine burgonde, un dérivé de Hexenweg (Hexe + weg), que l’on peut traduire par “chemin des Fées“

Un peu d’histoire

La communauté villageoise d’Excenevex est née, puis s’est développée sur l’emplacement d’une ancienne villa romaine. En témoignent des pièces de monnaie à l’effigie de certains empereurs, les tessons de céramiques ou les multiples fragments de tuiles à rebords (tegulæ), tout comme la toponymie locale et sa fréquente désinence « y » (Essenevay, Chevilly, Excéresy, Commugny…). Une constatation qui n’a rien de surprenant, quand on sait la proximité de la grande voie prétorienne qui, contournant le lac par ses rives Nord et Sud, conduisait de Vigenna (Vienne) à Augusta Pretoria (Aoste).

Vers 1180, les moines de l’abbaye de Filly font construire à « Essenevay » une chapelle pour desservir la population. La paroisse d’Excenevex est mentionnée dans la bulle du pape Innocent IV de 1250 comme dépendant de l’abbaye de Filly. Jusqu’au XVI siècle, la paroisse comptait de 22 à 24 feux.

Dotée d’un ministre protestant pendant la période d’occupation bernoise, elle fut réunie à Yvoire au retour du catholicisme, union qui dura jusqu’en 1850. On sait qu’une église y avait été construite en 1150, invoquant le patronage de St Symphorien. Existant encore à la fin du XIX siècle, c’était un des rares spécimens de l’architecture romane en Savoie du nord, elle était composée d’une nef, d’un chœur rectangulaire terminé par une petite abside semi-circulaire. Un clocher-arcade à deux baies surmontant l’arc triomphal du chœur.

En 1851, la commune d’Excenevex demande à être séparée d’Yvoire pour le spirituel et demande l’érection de la chapelle en église paroissiale. Comme la population augmentait, il a été décidé de construire une nouvelle église dont les travaux commenceront en 1805. Une nouvelle église fut alors construite par l’architecte Pompée, elle comportait des voûtes romanes à nervure gothique, des chapiteaux gothiques à crochets, trois fenêtres et un oculus à la façade. Le bâtiment sera consacré en 1874 Le clocher commencé ne pourra être achevé faute de moyens.

Au lendemain de l’annexion de la Savoie à la France en 1860, la commune d’Excenevex intègre le canton de Douvaine. Elle appartient, depuis 2015, au canton de Sciez, qui compte selon le redécoupage cantonal de 2014, 25 communes.

En 1908, une malheureuse décision municipale entraîne la destruction de la chapelle pour laisser la place à la route départementale. La paroisse se développe, son église est restaurée intérieurement et extérieurement et plus de cent vingt ans après sa construction, elle est dotée du clocher actuel, parfaitement intégré à l’édifice et inauguré en 1992.

En 1920, Excenevex se donne les infrastructures qui vont servir de base à son développement futur en même temps qu’elle s’oriente vers le tourisme haut de gamme avec la construction de ses hôtels de grand standing : hôtel Bellevue, hôtel de la Plage, hôtel du Lac, hôtel des Crêtes, hôtel Beau Rivage… tous édifiés au cours de la décennie 1925-1935. L’hôtel de la Plage et l’hôtel Bellevue témoignent de ce passé révolu.

On compte beaucoup de genevois parmi les premiers baigneurs, mais ce sont les années 50 et le début des Trente Glorieuses qui voient l’augmentation de la fréquentation de la plage d’Excenevex. Ce joyau de sable fin unique aux bords du Léman, qui s’étend sur 4 hectares, en pente douce, va devenir le rendez-vous obligatoire et très apprécié de la jeunesse et des familles d’Évian à Genève. Il n’est qu’à entendre les souvenirs émus évoquant cette période dorée pour mesurer la place prise par la plage d’Excenevex dans l’histoire touristique chablaisienne !

Pédalos, baignade, filets de perches-frites-salade, coups de soleil, guinguettes, rosé bien frais, jeux de plage… ont connu un succès jamais démenti, préfigurant les dispositions plus récentes et plus « modernes » : beach-volley, beach-rugby, moules-frites, baignade surveillée, accès aux personnes à mobilité réduite, parkings…

Aujourd’hui la pêche sur le lac et l’agriculture ne font plus vivre que quelques familles. Le tourisme estival et la proximité du bassin d’emploi genevois ont modifié la vie du village, dont la population a doublé au cours des cinquante dernières années.

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